Souvenirs dérobés, vestiges voilés, pensées futiles, lettres ouvertes.....
Passé, présent, réalité, fantasmes....

Ou pas....

21 juin 2008

Lorsqu'elle m'a volé mon âme...

Elle sait oui elle sait où frapper, où appuyer pour faire mal, comment me rabaisser au rang de larve indigne de fouler cette terre, comment faire comprendre que définitivement je n’ai pas ma place ici, et que si je persiste à vouloir rester il faudra que j’en paye le prix, un prix bien élever pour une seule personne, un prix qui détruit et mine de l’intérieur, un prix qu’elle a, dans son esprit machiavélique, formenté pendant des années, embriquant chaque pièce de son puzzle minutieusement, sans jamais laisser le moindre indice filtrer.

Et puis un jour sans prévenir la première étape de son plan c’est enclenchée, elle n’avait déjà que trop patienté, 5 ans d’attentes, 5 longues années avant de mettre son plan à exécution, 5 années de planifications et de vérification des détails…
5 années d’insouciances pour moi, ne me doutant pas une seule seconde de ce qui allait me tomber dessus, ne sachant même pas que c’était possible, n’osant même pas imaginer que ça pourrait m’arriver un jour.

C’est comme ça que, targuée de mon insouciance, je restais avec lui toute confiance, jouant et m’amusant comme à l’accoutumé.
En 5 ans de ma petite vie il n’avait jamais été autrement qu’il aurait dû être, jouant avec moi comme n’importe quelle personne joue avec un enfant, peut être ignorait-il encore tout des sombre dessins qu’elle projetait de lui faire faire à l’époque.
Pourtant ce jour là rien ne semblait différent des autres jours, il y avait les mêmes oiseaux dehors chantonnant les même refrains qu’a l’accoutumé, les mêmes rayons de soleil qui faisait briller la surface lisse de l’étang derrière la maison, le même air frais apporté par une petite bise coutumière des lieux.
Pourtant ce jour là rien dans l’atmosphère de la maison ne semblait présager que l’attaque aurait lieu avant la tombée de la nuit, comme si le monde tout à ses affaires ne voyait et ne présentais pas ce qui se tramait dans l’ombre.
L’attaque minutieusement orchestrée aurait lieu dans l’indifférence la plus totale, chacun vacant à ses occupations sans se douter une seconde de ce qu’il pouvait se passer dans cette petite pièce exigüe.

La stratégie du efficace, première étape attirer la cible, quoi de plus facile quant il s’agit d’une enfant qui ne s’étonne de rien et pour qui tout est propice aux jeux, pour qui n’importe quel endroit peut devenir un terrain de jeux nouveau ?
Quelques jeux savamment choisis sont disposé sur le lieu du crime en guise d’appât et le tour est joué, il faudra peu de temps pour me ferrer.
Deuxième étape mettre la cible en confiance et quoi de mieux que de le faire en commençant par réellement jouer aux jeux ayant servi d’appât ?
Troisième étape lancer l’attaque, non pas une attaque fulgurante, mais plutôt jouer sur le registre de l’escalade, un effleurement, une main mal placée.
Et là c’est le début de la chute, l’angoisse qui apparaît, par ce que même sans savoir si ce qui se passe est bien ou mal c’est un jeu que je ne connais pas, dont les règles m’échappent, dans le fond je sais que ce n’est pas un jeu habituel personne n’en a jamais parlé autour de moi, et puis pourquoi la porte est fermée ? Personne ne ferme la porte de sa chambre pour jouer, à moins de faire une bêtise ou alors qu’on l’ai fermé pour nous par ce que nous faisions trop de bruit, dérangeant les autres occupants de la maison.
Mais là ce n’est pas le cas, venir jouer dans cette chambre ne semble pas être une bêtise, et puis ce puzzle n’est pas bruyant surtout que nous n’avons pratiquement échangé aucune paroles puisque j’étais trop absorbée à trouver où mettre cette pièce qui ne semble aller nulle part…
Et puis c’est bizarre comme jeu ce n’est pas vraiment comme jouer au docteur, par ce que le docteur dans les jeux d’habitude ausculte partout sauf là, il ne demande jamais d’enlever la culotte et d’ailleurs en y repensant bien il ne déshabille pas lui-même son patient comme c’est le cas là.

Incrédule et muette je lance des regards pleins d’interrogations qui restent sans réponses, l’angoisse monte encore et une envie soudaine de partir me prend, et puis ça commence à faire mal, je veux me lever pour partir, mais avant même d’avoir pu finir un mouvement il a compris mon intention et me retient par le bras, j’ai mal il sert trop fort, c’est définitif ce jeu ne m’amuse pas et l’angoisse cède la place à la panique, pourquoi je ne peux pas partir ? Pourquoi j’ai mal ? Pourquoi le regard que je croise face à moi semble si vide et me fait peur, j’ai le cœur contracté sous l’effet de la panique, j’ai presque l’impression qu’il s’est arrêter, j’ai peur, une peur de celles qui vous fais frissonner couvrant votre peau de chaire de poule.
Je veux fuir le plus loin possible courir sans m’arrêter, je tourne la tête pour évaluer la distance qui me sépare de cette maudite porte close, mon dieu on dirait que la pièce c’est étirée depuis que je suis rentrée dedans, elle parait tellement loin cette porte, tellement petite et inaccessible et puis comment me libérer de cette entrave ? que peuvent faire mes petits doigts face à cette mains qui me serre le poignet ? Il est plus fort que moi je le sais.

A la peur et la panique viennent se mêler un sentiment d’impuissance, il faut me rendre à l’évidence je suis « prisonnière », et un questionnement, quel est ce jeu dont je n’ai toujours pas compris ni les règles ni le but mais dont je sais qu’il vient de transformer mon camarade de jeu en une personne que je ne connais pas et qui me fait peur, dont je sais qu’il me fait peur et qu’il me tétanise.
Sa main revient se poser à l’endroit qu’elle à quitter quelques secondes avant lorsque j’ai tenté de partir, la douleur recommence, mais il ne me lâche pas le bras.
Il me bouge le bras et je sent quelque chose sous mes doigts, c’est dur et humide mais je n’ai aucune idée de ce que ça peut être, je sais juste que jamais je n’avais toucher quelque chose de ce genre, et le seul sentiment qui me vient par rapport à cette masse que je sens sous mes doigts est le dégout, je ne peux retirer ma main qu’il maintient fermement.
Alors mue par un instinct que je ne me connaissais pas, je commence à me tortiller pour me libéré, à me débattre pour lui échapper.
C’est là que le premier coup tombe, implacable et efficace, je n’ai plus seulement mal au bras et dans ma culotte mais aussi au visage là où le coup est tombé, des larmes commencent à perler aux coins de mes yeux, et avec elles les prémices d’une compréhension des règles, si je ne sais toujours pas ce qu’il me fait, je sais que je ne peux pas partir et que toute tentative pour lui échapper, sera sanctionner par un coup. J’ai compris que je n’ai pas d’autres choix que celui de subir sans broncher ou subir les coups punisseurs en plus du reste.
Je choisis une autre tentative, le coup reçu semble avoir dé-paralyser mes cordes vocales alors je commence à supplier de me laisser partir, le visage baigné de larmes, rien n’y fait, j’ai toujours cette chose chaude qui semble vivante sous les doigts, cette douleur au bras à l’endroit où ses doigts me serrent et surtout cette douleur au niveau du bas ventre qui ne me quitte pas.
Mon corps refuse de se plier à cette règle de soumission et recommence à s’agiter et se tortiller, le deuxième coup tombe cette fois si c’est mon épaule qui est entré en collision avec son poing, une douleur sourde s’y propage masquant un temps celle situé plus bas.
Cette fois-ci j’ai compris, je suis vaincu mes forces m’abandonnent, je ne pourrais pas lutter contre lui, commence alors une sorte de torpeur du fond de laquelle je ne perçois que la douleur, mes larmes continuent de couler machinalement, mais moi je ne suis plus là, je suis noyé dans ma douleur et dans ma peur, poupée de chiffon livré à ses envies, mon âme s’égare dans des limbes que je ne connaissais pas encore et qui pourtant feront bientôt parties de mon quotidien.
J’apprends à les connaître petit à petit, chaque jours elles me sont plus familières parfois j’arrive même à m’y enfoncer suffisamment pour occulter ce qui se passe dans la réalité, d’autres fois c’est comme si leur porte d’accès était verrouillée, comme si elles m’étaient inaccessibles, alors mon corps se rebelle et invariablement les sanctions tombent…

Même en dehors de ses « visites » où il prend possession de moi je côtoie de plus en plus ces limbes, ayant une interdiction formelle de parler de ce qui se passe sous peine de recevoir la pire correction de ma vie, et puis quelque part sans savoir pourquoi j’ai honte de ce qui arrive, pour que l’on me fasse mal comme ça j’ai du faire quelque chose de terrible alors si j’en parle on risque de me gronder et de me punir encore plus, si on me fait mal comme ça c’est sûrement que je l’ai mérité, en tout cas c’est ce que je croyais jusqu’au jour où, après des années d’alternance de coups et de plongeon dans les limbes, j’ai appris que tout ceci semblait ne pas être normal, qu’il n’avait pas le droit quoique j’ai pu faire, de me faire ça.

J’ai commencé à me rebiffer plus qu’a l’accoutumé, engendrant bien sur sa pluie de coups, mais je n’ai plus 5 ans, non aujourd’hui j’en ai 15 et je sais que j’ai le droit de me défendre, que j’ai le droit de dire stop. Je n’ai plus une force de mouche non plus et j’ai envie de me battre pour que ça s’arrête, je lutte de plus en plus souvent contre lui, petit à petit il perd son pouvoir sur moi.

Je l’ai vaincu….

Derniers commentaires

Blogger