Souvenirs dérobés, vestiges voilés, pensées futiles, lettres ouvertes.....
Passé, présent, réalité, fantasmes....

Ou pas....

15 mars 2008

Au commencement...

D’aucuns diront qu’elle n’est qu’une vue de l’esprit, pourtant, elle sévie depuis des millénaires. Et je crois faire partie de ses cibles favorites. Oui la schkoumoune aime à jouer des tours a certains d’entre nous. Nous l’avons tous croisé un jour ou l’autre. Sous la forme d’un réverbère, venant littéralement s’écraser sur nous, au milieu d’un trottoir, auparavant désert. D’une crotte de chien, apparue inopinément sous notre pied. D’une coupure de courant, après trois heures de travail, non enregistré sur l’ordinateur. De la porte de l’appartement qui claque, nous laissant sur le palier, sans clés….

Voilà je me présente C, 24 ans, schkoumouneuse professionnelle depuis ma naissance.
Je suis née en juin, début de l’été et pourtant ce ne sont pas les oiseaux et le soleil qui m’ont accueilli. Non, pour moi ce fut un orage ravageur. Dés le début j’étais prévenue, elle m’avait repéré et prise pour cible. La vie ne serait pas une partie de plaisir, mais un combat contre elle. Comme un bateau pris dans un orage en mer. Une lutte incessante, contre ses petites mesquineries, contre son acharnement viscérale. Elle m’a choisi, et ne me lâchera plus. Telle une sangsue, elle me collera jusqu'à mes derniers jours.

Pendant trois mois, elle rumina, pernicieuse, sa première attaque. Difficile choix, que celui de la marque a vie qu’elle laisse, une estampille schkoumoune, juste pour que le porteur n’oubli jamais, qu’il lui appartient. Quelle arme utiliser en premier ? Ne pas être trop tendre ni trop dur pour un premier essai. Il faut tester la résistance du sujet, tout en le marquant profondément. Et surtout que cela tienne sur la longueur. Choix ardu, réfléchi, et, remâché trois mois durant. Jusqu’à l’illumination. Ca y est elle la tiens son idée. De quoi me pourrir la vie, pendant quelques années, voir, tout ma vie. C’est comme ça, qu’un matin, je me suis réveillée avec cette sensation étrange. Sensation que je ne connaissais pas encore, et que j’identifierais plus tard, comme une brûlure, renforcée d’une démangeaison intense.

Sensation bientôt accompagnée du regard horrifié de ma mère. Découvrant non plus le joli bébé rose, couché la veille dans son joli petit lit, mais un horrible petit gnome, défiguré par des plaques rouges, suppurant un liquide blanchâtre indéterminé. Expression horrifiée, renforcée lorsqu’elle découvrit que tout mon corps en était recouvert. Elle ferme les yeux une minute, croyant à un cauchemar. Oui quand elle se réveillerait, elle retrouverait sa petite poupée à la peau rose et lisse. Peine perdu, le jolie poupon est devenue crapaud. Avec comme seul espoir d’avenir, celui d’un prince charmant et de son baiser d’amour, pour lui rendre une apparence humaine, et descente. Ou plutôt, un prince charmant qui ne verrait pas, avec ses yeux d’amour, les stigmates de la défiguration, faute de mieux.

Vite, en urgence, elle court chez la fée médecine. Pour trouver un remède à ce sortilège honteux et pernicieux de la schkoumoune. Le verdict est sans appel, un seul mot, une seule explication. Sa frappe a un nom : Eczéma. Voilà quelle fut sa première attaque, une poussée fulgurante d’Eczéma, recouvrant l’intégralité de mon petit corps tout neuf.

Pas un petit eczéma de seconde zone, disparaissant aussi vite qu’arrivé, ne montrant son nez qu’une fois puis décidant d’aller voir ailleurs. Non c’eut été trop facile. Il est plutôt question d’un de ceux pour lequel personne ne peux rien. Ni la fée médecine, ni la fée rebouteuse, ni la fée magnétiseuse, ni la fée homéopathie. Un de ceux qu’on garde a vie, un de ceux qui sort sans prévenir, sans demander une quelconque autorisation, un goujat de première catégorie. Celui qu’on redoute, plus que le monstre au fond du placard, plus que le loup-garou sortant les soirs de pleines lune, ou le vampire du cimetière voisin…

Et voilà ma vie débute, avec une défiguration en règle, de quoi m’aider à ne pas avoir d’amis, ou à les faire fuir, lorsqu’il commence à devenir trop encombrant. Et la douleur, la brulure des chairs qui se déchirent, des chairs qui restent à vif.

C’est comme ça que, rapidement, je suis devenue l’allumée de service, qui vient en col roulé en pleine été, qui refuse d’enlever sa cagoule et ses moufles à l’intérieur en hiver, et qui ressemble, régulièrement, à un crapaud atteint de la peste, 9 mois sur douze. L’allumée qui refuse d’aller à la plage, ou à la piscine, et qui, si on l’y traîne de force, refuse catégoriquement de se mettre en maillot.

Le regard dégoûté des gens devient insupportable. Les remarques scabreuses, susurrées dans le dos, ne le sont pas moins. Une angoisse permanente du contact des autres, de leur regard, et de leurs remarques. Non les enfants ayant de l’eczéma ne sont pas sales, non ce n’est pas contagieux... Une rengaine, sans cesse répétée, mais jamais entendue. Oui les pauvres autres enfants, vous comprenez leur imposé la vue de ça! C’est une honte! On ne peut, décemment pas les obliger à avoir cette vue à l’école. Vous imaginez le choc pour eux? Pauvres âmes sensibles et pures.

Laissez-moi rires! Les enfants, des âmes sensibles et pures! Et mon cul c’est du poulet?
Les paroles les plus blessantes, les plus crues sont les leurs, pas celle de leurs parents, ni des autres adultes. Mais celles des enfants entre eux. L’enfant est cruel, quoiqu’on en dise. Dès qu’il le peut, il cherche la faille chez son voisin, l’exploite, et la lui renvoie en pleine figure. De préférence de la façon la plus méchante et blessante possible qu’il soit …

Oui, tout le monde s’inquiète de ces pauvres petits chéris, mais pas de la bête défiguré. Elle, elle a forcément tord. Oui ça doit être ça! Elle a du faire des choses horribles dans une vie antérieur. Je ne vois que ça pour être punie ainsi !

Voilà comment la schkoumoune a remporté sa première bataille, comment elle a juste réussi à faire un enfer du début de ma vie.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tu es la première personne que je croise à avoir eu de l'éczéma comme moi à l'âge de 3 mois ! A la différence que ça a l'air de m'avoir moins gêné que toi... Je me souviens bien des autres enfants me demander "T'as quoi sur les bras ?" et ensuite demander à la maîtresse si c'est contagieux, mais jamais les adultes n'ont fait des remarques comme tu as pu en avoir 8-O et je n'ai jamais vraiment cherché à me cacher... Non moi, ce qui m'a le plus dérangée c'est la maladie elle même, les démangeaisons jusque dans les rêves ("J'ai un message caché sous la peau du derrière du genou ! grattons pour voir ce que c'est !"), de ne pas pouvoir tendre les bras ou les jambes sans que ça menace de craquer, et les autres qui essaient de m'empêcher de me gratter ce qui est tu le sais impossible sans devenir folle...

La Musaraigne Etoilée a dit…

:) coucou Merci :D oui j'ai assez mal vécu le regard des autres pas toujours tendre (mais ça ça doit dépendre des endroits, des mentalité et de je sais pas quoi tous ne réagissent pas comme ça heureusement) et parfois le vie encore mal mais maintenant c'est plus moi toute seule qui psychote un peu.... C'est clair que la maladie en elle même déjà c'est lourd c'est sûr parfois quand j'en avais sur les mains je pouvais plus écrire tellement ça me tirais et me faisais mal, pareil pour les craquements au moindre mouvement, j'en avais aussi derrière les oreilles et bien souvent d'ailleurs ça me faisais comme si on me coupais l'oreille par en dessous du lob j'étais toujours "ouverte" comme si on m'avais mis un coup de couteau à la base de l'oreille :roll: Les rêves aussi oui enfin plutôt les cauchemars... Mais le pire ça reste les démangeaisons un vrai cercle vicieux, plus tu gratte plus ça gratte moins tu gratte plus ça gratte... Et tout le monde qui te dis de pas le faire alors que c'est plus fort que toi, ça te rend folle et d'ailleurs tu ne pense plus qu'a ça :roll: bref contente de faire ta connaissance :)

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