Et si...

Peu avant l'aube, Pedro Santana fut réveillé par la lampe à pétrole qui fumait. Il s’était une fois de plus endormi sur ses dossiers. Il se leva péniblement de son fauteuil, encore tout groggy se traina jusqu’à la cuisine en espérant que le courant fut enfin revenu.
Ces foutus délestages finiraient par le rendre fou, il appuya sur l’interrupteur et le plafonnier s’alluma. Merveilleux il ne sera pas obligé d’allumer le vieux poêle pour faire le café.
Il mit la cafetière en route, et, sur la pointe des pieds, alla jusqu’à la porte de la chambre. Becky dormait encore.
Comme elle semblait paisible à cet instant. Il avait oublié à quel point elle pouvait être belle. Depuis combien de temps ne s’étaient-ils plus parlé? Trois mois, quatre peut être…
Qu’importe, elle ne l’aimait plus, il le voyait bien, avec toute cette distance qu’elle mettait entre eux, et les efforts qu’elle fournissait quotidiennement pour l’éviter.
Alors pourquoi espérait-il encore ? S’abrutissait-il dans le travail pour ne pas voir la vérité en face?
Pourtant ils étaient heureux au début. Pourtant il avait tout fait pour que leur bonheur perdure, pourtant… Pourtant rien n’allait plus. Est-ce elle qui avait changé? Ou lui?
Le fait était qu’elle semblait étouffer et ne plus aspirer à la même vie que lui. En tout cas, elle n’aspirait visiblement plus à une vie avec lui.
L’odeur du café le tira de ses réflexions. Il s’en servi un bol, étala sur deux biscottes de la confiture de fraise.
Et pour ne plus penser se plongea dans le dernier livre qu’on lui avait fait parvenir de France.
« Paulette Lestafier n’était pas si folle qu’on le disait. Bien sûr qu’elle reconnaissait les jours puisqu’elle n’avait plus que ça à faire désormais. Les compter, les attendre et les oublier. »
Tiens comme lui. Lui aussi comptait les jours, les attendait et tentait d’oublier. Oh bien sure l’attente n’était pas la même, il ne guettait pas la mort ou la prochaine chute. Non il guettait le jour funeste où elle partirait vraiment. Le jour où il n’y aurait plus d’espoir à avoir.
Pourtant il l’aimait encore tellement, sans elle sa vie n’aurait plus de sens.

L’odeur du café vint doucement chatouiller les narines de Becky. Elle émergea lentement. Les bruits, indiquant que Pedro était encore là, la retinrent au fond de son lit.
Tout mais ne pas le croiser, lui parler était au dessus de ses forces.
Elle l’aimait comme au premier jour et n’arrivait plus à lui mentir, il allait bien falloir qu’elle se décide à l’affronter.
Comment allait-il le prendre? Il avait toujours été très clair et définitif sur le sujet.
Il ne voulait pas d’enfants. Et pourtant, il était à l’origine du petit être qui grandissait bien à l’abri dans son ventre.
Sa grossesse commençait à se voir. Ses rondeurs nouvelles la faisaient sourire béatement quand elle s’observait dans la glace.
Ce matin elle allait passer sa visite du 4ème mois.

Il partit, elle se leva, s’habilla, il était trop tard pour le petit déjeuner, le taxi devait déjà être là.

Le chauffeur de taxi se disait que Becky était un beau morceau. Oui sa cliente était tout à fait attirante.
- Connaissez-vous le nec plus ultra en matière de transport?
Mais Becky n’écoutait pas, ses pensées étaient tournées vers ses deux amours.


Le sujet du jeu de ce jour là était:
Voici 4 incipits:
"Le chauffeur de taxi se disait que Becky était un beau morceau."
"Peu avant l'aube, Pedro Santana fut réveillé par la lampe à pétrole qui fumait."
"Connaissez-vous le nec plus ultra en matière de transport ?"
"Paulette Lestafier n'était pas si folle qu'on le disait."
Vous devez construire votre récit en les plaçant dans votre texte, dans l'ordre que vous voulez, mais sans changer, transformer ou supprimer un seul mot ou signe de ponctuation. Ils seront utilisés dans votre texte en tant que phrases, avec majuscule au début. Le titre ne devra pas reprendre les termes des incipits, mais sera différent. Évidemment, votre histoire devra être cohérente, les incipits devront se couler naturellement dans le récit.
En 3000 signes (+10%).